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De Bien Mystérieux Portails

     On imagine les héros, grands, forts, preux et sans reproche. Plongez dans l’histoire des tout premiers élus et vous comprendrez la disconvenance de ces dires. Ces sept compagnons vous surprendront et vous amuseront tout au long de leurs péripéties et de leurs exploits pas toujours volontaires.​​​

Résumé

     Depuis des lustres, conteurs et bardes, narrent et chantent les louanges des sept vaillants Fabuliens sans qui le monde n’existerait plus. Mais au fil du temps, génération après génération, leurs exploits ont pris de l’ampleur dans la bouche prolixe des artistes soucieux de satisfaire leur auditoire avide d’héroïsme. Cependant, entre légende et réalité, où se trouve la vérité ? 


     Dans l’idyllique jardin du Domaine-des-Dieux, le dieu Histoire relate aux jeunes divinités férues de connaissances l’épopée véridique des tout premiers héros de Fabulia. 

Extrait

Le texte qui suit est la propriété de son auteur et ayants droit. © 2020 Ophélie Faline.

 

     Ce qui suit est un extrait d’un des chapitres. Sachez qu’en lisant les lignes qui suivent, vous découvrirez le rôle de certains des élus.

     Recroquevillés comme pour se faire discrets, deux étranges individus sortent en catimini d’une habitation en riotant bêtement, leurs bras chargés d’argenteries et de babioles.


     D’un coup de pied, une brute à la carrure d’un buffle défonce la porte de l’intérieur, les forçant à se glisser dans un coin sombre. Les longues mèches noires du plus grand s’envolent pour retomber en partie sur son visage. Les chapardeurs attendent, le front perlant de sueur, serrant plus fort leur butin contre leur poitrine. Faisant rouler ses muscles sous sa masse graisseuse, le colosse franchit le seuil de sa maison en fulminant, les battoirs lui servant de mains tenant une massue cloutée de la grosseur d’une poutre. Aussi à l’aise que des souris devant un chat affamé, les voleurs n’osent même plus respirer.


     Le plus maigre des larrons fait signe à son comparse en désignant la taverne. Le deuxième retrouve le sourire tout en tentant, en un vain effort, de souffler sur ses cheveux afin de dégager sa belle figure de bourreau des cœurs. Son ami a raison, ce sera un jeu d’enfant de se dissimuler dans cet endroit de beuverie toujours bondé. Les cris d’allégresse s’en échappant sont la preuve d’une grande activité. Quoi qu’il s’y passe, ils y seront en sécurité et l’issue de derrière sera leur porte de salut. De là, les deux complices pourront se réfugier dans la forêt.


     La brute regardant ailleurs, les malfrats courent jusqu’au bâtiment en semant deux ou trois couverts dans leur sillage. A peine l’encadrement franchi, les fuyards se fondent dans la masse en effervescence où les relents de transpiration se mêlent aux émanations d’huile de friture trop de fois recuite. La chaleur y est étouffante. Le plus petit des deux lascars s’arrête en cherchant la raison de la grande agitation faisant rage dans la salle principale.


     Tous les clients sans exception se sont attroupés autour d’une table et hurlent en levant leur timbale, le regard pétillant d’excitation. Ne voyant rien d’autre que des nuques et des bras tendus, le chapardeur encombre davantage son compère en lui confiant son trésor et grimpe sur une poutre transversale où s’est déjà installée une fratrie de nains.


     C’est là qu’il la vit !


     La plus merveilleuse créature à laquelle les dieux aient jamais donné vie se trémousse devant tous ces citadins en délire. Sur la musique entraînante d’un barde, la danseuse, les yeux fermés, ondule en cadence son corps potelé aux formes de rêve. Sa peau d’ébène, aussi veloutée qu’un pétale de rose, fait l’admiration de l’assistance. D’un mouvement du cou, ses cheveux frisés, cascadant sur ses mollets, s’envolent, faisant briller leur étrange couleur vert foncé sous la clarté diffusée par les lampes à huile et les torches. Dans le sac qu’elle porte en bandoulière, un arbre miniature au large tronc est planté dans un pot de terre.
 

     Eberlué par les courbes et la beauté enivrante de cette inconnue, l’aigrefin n’entend pas son compagnon l’appeler. Leur poursuivant vient d’entrer, ses veines bouillonnant de rage. Comme un fou furieux, l’homme bouscule tout le monde et d’une seule main renverse la table servant d’estrade.
 

     La danseuse glisse. Dans le même temps, le chapardeur saute de son perchoir, à point nommé pour la recevoir au creux de ses bras. Autour d’eux, c’est la panique. On se chahute, on hurle, on s’insulte, jusqu’à ce qu’un ivrogne en vienne à gifler son voisin. Celui-ci agresse à son tour le tavernier, qui tout aussi échauffé, se venge sur un autre pochetron. Une bagarre générale éclate au milieu de laquelle le colosse cherche ses voleurs en assommant tous les malheureux se trouvant en travers de son chemin. Sans vergogne, il attrape à pleine main les chevelures de ses victimes afin de vérifier leur identité. Ne s’agissant jamais d’un des deux bandits, il les laisse tomber à ses énormes pieds ou les propulse dans la cohue.
 

     Ses yeux plongés dans les prunelles noires de la belle, le chapardeur semble hypnotisé quand deux mains le ramènent à la réalité en le secouant énergiquement. Saisissant les doigts de la danseuse, il l’entraîne à la suite de son ami en direction de la sortie.

 

Disponible sur ma boutique SumUp.

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