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Le Dieu Soleil

La naissance du Dieu Soleil

     Quand mon fils était enfant, il adorait les histoires héroïques et peuplées de créatures fantastiques. Ses préférées étaient celles que j’inventais pour lui. C’était des instants d’intense complicité entre nous, et j’éprouvais, je l’avoue, autant de plaisir à les inventer que lui en avait à les entendre. Les années ayant passé, et éprouvant de la nostalgie pour ces moments inoubliables, j’ai eu l’idée d’écrire ce roman qui est bien sûr dédié à Térence, mon fils que j’aime de tout mon cœur.

     Le Dieu Soleil, une épopée pleine d’action et de mystères qui vous plongera dans un monde étrange et envoûtant.

L’histoire

 

     Qui n’a jamais souhaité devenir un héros ? Hélios n’échappe pas à cette règle. Depuis sa plus tendre enfance, cet adolescent de quinze ans s’est plus d’une fois imaginé devenir “le Dieu Soleil”, un preux combattant qui pourchasserait les monstres, sauverait les opprimés et délivrerait le monde d’un quelconque chaos. Bien qu’il soit conscient que ses espoirs ne sont qu’utopie, Hélios ne peut renoncer à ses rêves d’enfant, quand un jour, l’incroyable se produit…

Le dieu Soleil - Couverture

     Transporté par magie sur Solirium, Hélios, que tous croient être le sauveur, voit son rêve devenir réalité. Mais devient-on un héros du jour au lendemain ? Le jeune terrien qu’on prend pour une divinité n’est en réalité qu’un adolescent peu sportif et trop réservé pour le rôle qu’on lui a dévolu. Pourtant bien décidé à ne pas laisser passer l’occasion qui s’offre à lui, Hélios se surpassera afin de devenir le “ Dieu Soleil ”, le libérateur dont tous les soliriens attendaient la venue.

     Loin de s’imaginer que cette belle histoire pourrait prendre un arrière-goût de cauchemar, le terrien vit pleinement sa nouvelle existence aux côtés d’Omélia, sa maître d’armes. Tuer des monstres passe encore, mais qu’adviendra-t-il de son enjouement, quand pour la première fois, il devra prendre la vie d’un homme pour sauver la sienne, quand il verra les membres de son armée périr sous les attaques de leurs adversaires ? Et quelle sera sa réaction quand il quittera les vallées fleuries et les montagnes verdoyantes pour pénétrer dans les terres les plus obscures de Solirium, empreintes de ténèbres, envahies de magie noire et peuplées de créatures monstrueuses ? Et Galinéa, cette envoûtante jeune fille qu’Hélios aime en secret et qui est si distante avec lui ; pourra-t-il un jour se rapprocher d’elle autant qu’il l’espère ?

Extrait

Le texte qui suit est la propriété de son auteur et ayants droit. © 2021 Ophélie Faline.

 

     - Reviens avant le repas, Hélios, je compte sur toi. Et mets tes chaussures, crie une voix venant de la cuisine.


     - Oui maman, t’inquiète.


     La porte du bungalow claque derrière un garçon de quinze ans, mince et de taille moyenne, un chien à poil mi-long d’une race indéfinie sur ses talons.


     C’est un beau matin d’été comme il en a vu des centaines, et pourtant, l’adolescent a la sensation que quelque chose est différent. Scrutant les alentours, il sourit, tout est semblable à l’ordinaire. Pourquoi avait-t-il cru un instant que quelque chose avait changé ? Il hausse les épaules sans toutefois quitter des yeux ce tableau qui ne cesse de l’éblouir.


     Comment se lasser de ce superbe soleil et de ce splendide décor qui l’émerveillent chaque fois davantage ? Cependant, malgré toute cette splendeur, une envie d’ailleurs, chaque jour plus grandissante, envahit son cœur.


     Hélios s’étire avec volupté comme s’il venait à peine de se réveiller.


     - Enfin à l’air libre… soupire-t-il.


     L’azur d’un bleu pur se reflète sur l’eau cristalline où quelques petits poissons en quête de nourriture nagent en zigzagant entre les nombreux coraux aux couleurs chatoyantes. Un piaillement aigu déchire la plénitude des lieux tandis qu’un oiseau bigarré plane un instant au-dessus de l’onde, puis d’un vif coup d’aile, s’éloigne vers l’horizon.


     Hélios reste là, sans bouger, tous ses sens en alerte. Il aime tellement ce moment de calme et de sérénité, la beauté de ce paysage fantastique, l’odeur de l’iode, la tendre caresse du vent léger sur son visage et son torse nu, sans oublier la douce litanie du roulis des vagues qui trouble si joliment le silence matinal.


     Ce qu’il apprécie le plus, c’est de laisser ses pieds s’enfoncer dans le sable tiède. Quel plaisir de sentir cette multitude de petits grains lui chatouiller la plante des pieds en se glissant entre ses orteils ! Mais il sait bien, que plus tard dans la journée, il sera impossible de marcher ainsi sur le sol rendu brûlant par les cuisants rayons du soleil.


     Hélios s’arrache à ce magnifique spectacle naturel pour chercher ses sandales qu’il finit par trouver, négligemment jetées non loin du perron. Avec regret, il les enfile.

     - On fait la course, Sultan ?


     Le chien blanc qui gambade gaiement après un moucheron réagit instantanément. Il s’arrête, relève sa tête en pointant ses oreilles dans sa direction, puis se précipite vers son maître qui se met à courir allègrement.


     L’animal, qui ne se fait jamais prier pour un peu d’amusement, tournoie autour de lui tout en sautant et aboyant joyeusement. Hélios rit tant et si bien qu’il est très vite hors d’haleine et un méchant point de côté le force à s’arrêter net. Plié en deux, il reprend doucement sa respiration et se redresse.


     - Viens mon chien, viens. Allons nous promener pendant que la plage est déserte. Cet après-midi nous irons à la grotte, qu’en dis-tu ? Un peu de fraîcheur nous fera du bien, tu ne crois pas ?


     » Tu te souviens lorsque tu étais un chiot, nous imaginions que c’était une caverne, un repaire de pirates, ou bien l’antre d’un terrible dragon, un superbe dragon qui y gardait un trésor bien sûr ! Ou alors, j’imaginais qu’une belle princesse y était retenue prisonnière et que moi, le dieu Hélios, la sauvais et l’épousais.


     Rassérénés, Hélios et son chien marchent un moment côte à côte. Le jeune garçon, songeur, semble soudain soucieux, son beau sourire a disparu et une barre marque son front que quelques mèches folles recouvrent en partie.


     - Maman dit que je suis trop grand pour penser encore à tout ça, mais j’aimerais tellement être un héros, être une personne exceptionnelle, découvrir que je possède des dons que mes amis n’ont pas et être capable de me battre comme les personnages des livres que je lis. Je pourrais sauver des gens en détresse et tuer des monstres horribles. Oui bien sûr, les monstres n’ont toujours vécu que dans mon imagination, je le sais bien. Mais qui sait, peut-être que quelque part ailleurs, il y en a.


     » J’aime ma vie ici. Qui n’apprécierait pas d’habiter dans ce paradis ? Et pourtant, j’ai comme l’impression que je n’y suis pas tout à fait à ma place. C’est étrange, mais tu vois, je suis sûr que mon avenir se trouve ailleurs, loin d’ici.


     Comme pour lui répondre, le chien pousse deux jappements joyeux.


     - Tu me comprends toi, hein, mon brave toutou ? Mais je sais bien que tout ça n’est pas possible. Ce n’est qu’un rêve qui ne se réalisera jamais. Je porte peut-être le nom d’un dieu grec, mais je n’ai rien d’exceptionnel. Je suis un adolescent comme tous les autres avec des rêves plein la tête et une vie tout ce qu’il y a de plus banale.


     Neuf ans déjà qu’il habite cet endroit de rêve. Sa mère a reçu ce charmant petit bungalow sur la plage en héritage de sa tante, ainsi qu’un glacier dont elle s’occupe maintenant et une petite crique à deux kilomètres de là. Son père les a quittés entre temps. Il ne le voit pas souvent.


     Qu’importe, il s’entend si bien avec sa mère. Hélios est tout de même conscient qu’elle a du mal à comprendre pourquoi il passe tant de temps seul à rêvasser à de glorieuses histoires fantastiques. Comment ne pas se rendre compte qu’elle le sent si loin de la réalité ? Il a quelques amis, mais pas assez à son goût et elle ne se gêne pas pour le lui faire savoir.


     Hélios arrête sa marche et s’assoit si près du rivage que l’eau vient mouiller son bermuda. Pourquoi s’en préoccuper puisqu’il aura vite fait de sécher, et quelque chose de plus important pour lui le tracasse.


     - Tu sais, Sultan, j’ai fait un drôle de rêve cette nuit. J’étais perdu dans le brouillard et des gens me demandaient de l’aide et m’appelaient “ Dieu Soleil ” ! Pendant un moment, j’ai cru que c’était vrai. Je crois que maman a un peu raison, je rêve trop. Mais c’est si bon de rêver…


     L’adolescent se redresse brusquement, lève les bras et le regard vers le ciel et crie de toutes ses forces.


     - Je suis le puissant Hélios, le Dieu Soleil !


     Tout au long de la matinée, les touristes envahisseurs de plage font leur apparition avec leurs parasols, leurs matelas gonflables, leurs bouées, leurs seaux et leurs pelles. Afin d’échapper à cette cohue assourdissante, Hélios se réfugie à la crique. Seuls lui et ses amis ont le droit d’en profiter, mais aucun d’eux n’est là et leur présence lui manque. Bien qu’il apprécie la solitude, le jeune rêveur a parfois besoin de passer du temps en leur compagnie. Tous les trois sont sur la même longueur d’onde.


     Tristan, son voisin, est parti en vacances pour un mois à l’étranger et Téva, son amie d’école, séjourne pour deux semaines chez son père, sur une île voisine, avec sa petite sœur Maëva de cinq ans, qu’Hélios apprécie beaucoup. Comme il aurait aimé lui aussi avoir une petite sœur aussi charmante à aimer et à protéger. Quel super grand frère il aurait été, c’est certain !


     L’adolescent lève ses yeux rêveurs vers l’azur du ciel. Le soleil se rapproche du zénith, il ne doit pas être loin de onze heures.


     - Il faut rentrer, maintenant. Maman doit nous attendre pour manger.


     Le garçon lance une dernière fois dans la mer une grosse branche de bois mort à son fidèle compagnon, qui, fou de joie, saute vivement dans l’eau pour récupérer son jouet de fortune. Tout fier, il vient le lui déposer pour la énième fois à ses pieds. Sultan s’ébroue avec force, arrosant tout autour de lui.


     - Petit voyou, tu fais exprès de m’éclabousser ! Allons, viens, on a promis de rentrer avant midi.


     Ils se dirigent tous deux vers le chemin du retour lorsqu’un scintillement de quelques secondes attire l’attention d’Hélios, lui faisant marquer un instant d’hésitation. Quelque chose flotte près du rivage, attisant sa curiosité. S’il s’éternise ici, il va encore être en retard pour dîner.


     Les cours sont finis et étant en vacances, rien ne l’empêche de revenir plus tard. Mais s’il attend trop, la mer risquerait de reprendre cet objet qu’elle semble vouloir lui donner.


     Au diable le repas, il attendra bien ! Et tant pis si sa mère le réprimande, elle ne reste jamais fâchée bien longtemps de toute façon.


     Impatient de savoir de quoi il s’agit, Hélios retourne en arrière et s’approche doucement de cette chose mystérieuse que le roulis vient de déposer délicatement sur le sable.


     - On dirait du verre ! constate-t-il en avançant. C’est une bouteille ?


     Dans ce cas, il connaît son contenu : une feuille roulée comme un parchemin avec un message écrit à l’encre indélébile : “ Moi, Hélios, le Dieu Soleil, cherche un peuple à sauver des dragons, des trolls ou des monstres de toutes sortes. Appelez-moi et je viendrai vous secourir. ”


     La première fois qu’il avait eu, plein d’espoir, l’idée de jeter l’un de ces messages dans les flots, il n’avait que sept ans. Ayant grandi, il serait raisonnable que ce jeu puéril cesse, mais Hélios n’en a jamais eu le courage, car pour lui, cela signifierait renoncer à ses rêves et il n’est pas encore prêt pour ça. D’ailleurs, le sera-t-il un jour ?


     Plus le garçon s’en approche et plus il doute. C’est bien une bouteille, mais ce n’est pas une de celles qu’il a jetées dans les flots. Quelqu’un d’autre ferait-il comme lui ? Lui aurait-on répondu ? Ça ne sert à rien de s’emballer car il s’agit certainement d’un déchet jeté par un de ces satanés pollueurs des mers. Le cœur battant, Hélios s’agenouille près de l’objet si gentiment offert par les vagues.


     Fasciné, il l’observe… Ce flacon ne ressemble en rien à ces bouteilles de soda vides qu’il récupère dans le glacier pour expédier ses messages. Cela ne peut être qu’un objet artisanal.


     C’est une drôle de petite fiole d’une forme très originale. Il n’en a jamais vue de semblable, elle est circonvoluée comme un ressort. On pourrait croire que l’ouvrier qui l’a façonnée a voulu l’essorer comme un vulgaire torchon. Des centaines de petites stries la décorent de haut en bas. En transparence, il distingue quelque chose à l’intérieur.


     Le garçon a terriblement envie de savoir de quoi il s’agit, et pourtant, il n’ose y toucher. Tout en passant mécaniquement sa main dans sa touffe de cheveux châtains si souvent en désordre, il humecte ses lèvres tout à coup sèches avec sa langue et prend une grande inspiration. Puis, tout doucement, comme s’il s’agissait du plus précieux des objets au monde, il s’en saisit enfin et le place au creux de ses mains.


     Le goulot est fermé par une matière étrange, de couleur verte, semblable à de la cire. Hélios se casse deux ongles, pourtant déjà bien courts, en voulant faire sauter ce bouchon avec ses doigts : impossible de l’ôter de cette façon.


     L’adolescent se lève, fouille dans ses poches et en ressort le petit couteau suisse que lui avait offert son père pour son anniversaire. Faisant jaillir la lame la plus tranchante, il commence à gratter la substance en prenant garde de ne pas rayer le verre. La protection résiste toujours. Briser un si bel objet serait du gâchis. Il doit bien y avoir une autre solution.


     Hélios cherche parmi les autres options de son gadget, et trouve une mini-scie entre le tournevis, le décapsuleur et la lime à ongles. Très délicatement, le garçon se met à l’ouvrage.


     Concentré sur son travail, il ne se rend plus compte du temps qui passe, et au bout d’un bon quart d’heure, le bouchon s’effrite enfin. Après avoir essuyé les grosses gouttes de sueur qui perlent sur son front et avalé sa salive, il fait lentement glisser le contenu dans sa paume. C’est un petit morceau de… papier… de tissu… un mélange des deux : encore une matière inconnue. Les mains tremblantes, Hélios le déplie.


     Une poudre bleue s’en échappe et vole jusqu’au visage du garçon qui se met à éternuer bruyamment. Une fois calmé, ses yeux se posent sur une inscription ressemblant à des runes apparemment manuscrites, quand soudain, sa vue se brouille légèrement. Les caractères semblent subitement prendre vie, et comme de petites fourmis, se déplacent, puis se transforment pour enfin devenir les lettres familières de l’alphabet qu’il connaît.


     - Qu’est-ce que ça veut dire ? murmure-il entre ses dents.


     Le chien se met à aboyer en faisant des sauts autour de lui.


     - Oui Sultan, on va rentrer, attends un peu.


     De nouveau concentré, l’adolescent essaie de prononcer l’unique mot qui se trouve maintenant inscrit sur le feuillet.

 

     - Galiribi-lamigadra-faligobi-ramicala.

 

     A peine a-t-il fini de prononcer cette étrange inscription qu’une rafale de vent inattendue vient lui fouetter le visage. L’atmosphère change tout à coup, comme si le monde était devenu différent.

 

     Pourtant, à part le silence surnaturel qui vient de s’installer autour de lui, le paysage est semblable à lui-même.


     Persuadé que quelque chose de mystérieux est en train de se passer, la panique le prend. Il faut qu’il parte de là, qu’il rentre chez lui au plus vite, qu’il fuit aussi loin que ses jambes peuvent le porter. Mais son corps ne lui répond plus. Sa gorge se serre, tandis que les battements de son cœur s’accélèrent. Ses yeux se voilent et sa tête se met à tourner à folle allure. Une terrible torpeur envahit son être pendant qu’un brouillard soporifique l’enveloppe entièrement. Voulant se raccrocher à quelque chose ou à quelqu’un, Hélios agite les bras dans l’espoir de trouver un appui, mais ses mains ne rencontrent que le vide.


     - Sultan, Sultan, où es-tu ?! parvient-il à articuler. Viens mon chien, viens ! Où es-tu ?! Où es-tu ?!


     Brusquement, ses jambes ne le soutiennent plus et ses pieds se dérobent. Le sol s’effondre, l’aspirant, comme happé par une puissante main de titan. Attiré par cette force indomptable à laquelle on ne peut résister, il dégringole à folle allure, encore plus vite, encore plus bas.


     Ses pensées fusent et se bousculent dans sa tête sans qu’il ne trouve de réponse à ses questions. Que se passe-t-il ? Où va-t-il ? Est-ce la réalité ? Est-ce un rêve ?


     Sa tête le fait souffrir et ses veines martèlent contre ses tempes. Hélios a l’impression que son crâne va exploser, et subitement, il perd connaissance….

Disponible sur ma boutique SumUp.

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