De Bien Curieuses Clés
Rempli d’action, d’intrigues et de rebondissements, le tome 2 vous conduira de nouveau sur les routes, vous faisant découvrir d’autres facettes du monde de Fabulia.
Résumé
A Coblistone, la capitale des humains, les sept élus s’entraînent d’arrache-pied afin de devenir les héros que tout le monde attend, quand l’un d’eux découvre en faisant des recherches à la bibliothèque que quatre curieuses clés sont nécessaires à leur réussite. Ceci coupera court à leur entraînement.
Pleins d’entrain et de confiance, les jeunes élus partent en quête de ces bien mystérieux objets sans se douter qu’un guet-apens s’ourdit dans l’ombre.
Parcourant de nouveau le monde de Fabulia, les compagnons bravent de leur mieux les inévitables méandres qui semblent les attendre à chaque détour.
Leur quête les conduira jusque dans les régions du sud, terre des gaztriches, des têtes dures, des ogres et des elfes noirs, où de nombreux dangers les guettent, tapis dans l’obscurité de la jungle…
Extrait
Prendre connaissance de l’extrait suivant sans avoir déjà lu le tome 1 n’est pas recommandé car des informations vont vous y être révélées.
Le texte qui suit est la propriété de son auteur et ayants droit. © 2021 Ophélie Faline.
Le visage couvert de son chapeau, un nain se prélasse sur un fauteuil, les mains croisées sur son ventre et les pieds reposant sur un pouf. Sur une petite table à côté de lui, on a déposé un plateau rempli d’une quarantaine de pions, dont une moitié sont cubiques et les autres coniques. Le prince arrange sa tenue, puis s’approche de leur hôte.
- Je vous souhaite le bonjour, Messire Cralsec, intervient-il en prenant sa voix d’homme du monde.
Le nain, sans même le regarder, ronchonne quelque chose d’incompréhensible.
- Je m’appelle Maléfik, et avec mon amie Doucereuse ici présente, nous venons de Coblistone. Nous sommes à la recherche d’une personne dont un des ancêtres a naguère vécu ici. Peut-être avez-vous connu l’un de ses descendants ?
- Vous jouez au croqueliquette ? demande subitement leur hôte sans changer de posture.
- Heu… non, je ne connais pas ce jeu. Je suis désolé, mais je n’ai pas le temps pour ça.
Le vieillard tourne la tête en soulevant son gibus et pose enfin les yeux sur son interlocuteur. Il grimace à sa vue, en faisant bouger ses gros favoris et frémir ses narines, accentuant ses rides déjà bien profondes et donnant à son visage une expression grotesque. Doucereuse a du mal à garder son sérieux et pose sa main sur sa bouche pour étouffer un rire malvenu.
- Vous êtes un elfe noir, remarque-t-il en reprenant sa position première.
- Oui, mais ne vous inquiétez pas, je ne suis en rien malveillant. Revenons à mon affaire.
Le prince déroule la feuille et lui met le dessin du sceau sous son nez.
- Ceci vous dit-il quelque chose ? continue-t-il.
L’aïeul regarde ce qui lui est présenté.
- Oh, que c’est joli ! s’exclame-t-il. On dirait un cerf, et là, une jolie fleur des champs ! Vous dessinez fort bien jeune homme. Vous voulez jouer au croqueliquette ?
- Non, monsieur, je ne veux pas et je ne sais pas jouer au croqueliquette. Je n’avais d’ailleurs jamais entendu parler de ce jeu jusqu’à présent et je n’ai absolument pas le temps de jouer à quoi que ce soit.
- Dans ce cas, je ne vous dirai rien.
- Voyons, soyons raisonnables, il s’agit d’une affaire extrêmement importante. Alors, je vous en supplie, dites-moi si vous savez à qui appartient ce sceau ?
- Non, je ne vous le dirai pas parce que vous n’êtes pas agréable avec moi et que vous ne voulez pas jouer au croqueliquette.
Le prince soupire et poursuit.
- Donc, si je comprends bien, vous savez à qui il appartient.
- Peut-être que oui, peut-être que non. Hé, hé, hé !
- Monsieur Cralsec, je vois que vous prenez mes propos à la légère. Je vous assure que ma requête est des plus urgentes et des plus sérieuses. Alors, je vous en conjure, répondez-moi. A qui appartient ce sceau ?
- Peut-être que si vous jouez avec moi au croqueliquette, je vous le dirai.
- Je vous répète pour la…
Doucereuse l’interrompt.
- Je crois que je parviendrai à y jouer, c’est un jeu nain et Gripine m’en a un jour expliqué les règles. Ce n’est pas bien difficile, chaque pion à un déplacement différent selon son emplacement sur le plateau, le but est d’arriver à poser ses cônes sur ses cubes et de les aligner par rangées de trois avant son adversaire.
- Soit, vas-y, mais dépêche-toi, lui répond son compagnon, visiblement impatient que cette visite se termine.
La barbare s’agenouille à côté de la table et prend tous les pions beiges laissant les marrons à son adversaire, qui ravi, s’assoit convenablement en face d’elle. À tour de rôle, les joueurs bougent une pièce dans le plus grand silence. Maléfik a beau les regarder, il ne parvient pas à comprendre le sens de leurs gestes.
- Hé là ! s’exclame tout à coup Doucereuse. C’est bien ce que je me disais, vous trichez ! Vous avez posé ces deux cubes l’un à côté de l’autre pendant mon tour et ces trois-là, ils étaient séparés par l’un des miens que vous avez déplacé sans que je le voie !
- Comment ça, mademoiselle Douce-je-ne-sais-trop-quoi ? Vous osez m’accuser. Vous n’avez donc aucun respect pour un vieillard comme moi. Puisque c’est comme ça, je ne vous dirai rien, absolument rien, rien de rien.
- Sauf peut-être si vous vous excusez à genoux, comme vous êtes là.
L’elfe se relève prestement.
- Je n’ai de respect que pour les gens qui en ont également pour moi et vous n’en avez absolument pas. Et je m’appelle Doucereuse et je n’aime pas qu’on déforme mon nom qui me va si bien ! Je ne me suis jamais mise à genoux devant personne et je ne vais sûrement pas le faire pour un vieillard sénile comme vous !
- Alors tant pis, ma bouche restera coite, intervient Cralsec, se réinstallant dans son fauteuil et fermant ses yeux noisette.
Le soigneur se précipite vers son amie et lui parle à l’oreille. Elle secoue la tête et s’éloigne.
- Je t’en prie, lui dit tout haut le prince, pense à notre devoir. C’est plus important que ta fierté, tu ne crois pas ? Allons, ma douce, n’oublie pas notre mission. Les dieux comptent sur nous, ainsi que tout Fabulia.
- Mais tu ne comprends pas ?! Il me demande de m’humilier !
- Personne ne le saura et les dieux t’en seront éternellement reconnaissants.
- Qu’est-ce que tu en sais ! Tu les connais personnellement peut-être ? Tu prends tous les jours tes repas
avec eux, c’est ça ? Si ça se trouve, ils rient de cette situation comme tu dois le faire sous cape.
- Mais que racontes-tu ? Ça ne m’amuse pas de te voir t’abaisser devant ce vieillard. Cependant, nous avons besoin de ses renseignements. Pour l’amour de Fabulia, c’est ton devoir de t’exécuter.
- Bon d’accord, d’accord, mais tu te retournes alors. Je ne veux pas que tu voies ça, bouche-toi les oreilles aussi, et surtout, surtout, je t’interdis de raconter tout ça à qui que ce soit.
Maléfik s’exécute dans un hochement de tête désespéré. La jeune fille s’agenouille devant le doyen et extirpe de sa bouche les excuses demandées.
- Bon, maintenant vous allez nous dire ce que nous voulons savoir n’est-ce pas ? demande encore une fois le prince après que la jeune fille soit venue lui annoncer que tout était fait.
- Vous dire quoi ?
- Par tous les dieux, vous le faites exprès ?! Voilà que je jure à présent…
- J’ai une très mauvaise mémoire, vous savez. Que vouliez-vous savoir déjà ?
Maléfik tape le dessin de sa main libre.
- Le sceau ! Le sceau que voilà ! À qui appartient-il ?!
- Ah oui, le joli sceau… je ne sais absolument pas à qui il appartient. Vous voulez bien jouer au croqueliquette avec moi ?
- C’est un fou ! Cet homme est complétement aliéné ! Il nous fait perdre notre temps, partons d’ici.
D’un pas nerveux, le prince, suivi de Doucereuse, quitte la propriété si rapidement que les deux gardes doivent courir pour ne pas les perdre de vue.
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